Suite à la lecture d’un article rempli d’inepties, de stéréotypes misogynes et … bin de conneries, paru il y a quelques temps sur le site Les Frontaliers. Lu, qui nous a habitué à beaucoup plus d’intelligence, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas parler de façon honnête et logique de la vie des frontaliers. Si tu veux le lire, ce fameux article, tu cliques là.
Mais si tu n’as pas envie, je te le resitue rapidement… Cela parle d’une femme de travailleur frontalier (travaillant au Luxembourg), qui, semblerait-il, se plaint de son malheureux quotidien, où elle doit s’occuper de ses deux enfants, de sa maison, et par dessus le marché aller bosser (en France pour elle), pendant que son mari est absent car ce con est sur la route en train de gagner sa pitance luxembourgeoise (3500 euros+primes+véhicule de fonction+ environ 600 e d’allocations familiale luxembourgeoise), et ne rentrera sans doute pas avant 20h. Pauvre, pauvre, pauvre femme… Sache d’ailleurs, mon cher lecteur, que je ne vois pas pourquoi ils n’ont pas parlé, truc de ouf, d’une femme travaillant au Luxembourg… Comme je te plains madame, je prends d’ailleurs un kleenex pour essuyer mes larmes de crocodile…Ce qui m’échappe dans l’article, c’est le fait de faire passer cette femme comme victime car elle est femme de frontalier… alors qu’elle est juste la femme d’un mec qui bosse tard, et qui du fait, laisse sa femme, qui a plus de temps, organiser le quotidien, et non pas la femme d’un héro de guerre parti sauver des vies en Afghanistan ou ailleurs!
Alors que les choses soit claires. La vie de frontalier, je la connais, puisque je la vis depuis plus de 15 ans, soit seule, soit à deux, soit seulement pour Mr Grizzly et à des périodes différentes, avec et sans enfant, avec et sans maison à rembourser, avec et sans ride! Donc, je pense que je comprends à peu près la situation (si, si, un peu quand même).
Je vais te dire ce que c’est que la vraie vie d’un frontalier!
- C’est se lever tôt, voir très tôt et devoir réveiller tes gosses si tu en as, afin de pouvoir les voir quelques minutes dans la journée. Si Mr et Mme sont tous les deux travailleurs frontaliers, il faudra déposer le(s) enfant(s) à une nourrice avant 7h30.
- C’est prendre cette putain d’autoroute saturée où il y a des accidents tous les jours, ou l’un des trains bondé (si il y en a , et si ils sont à l’heure) et d’arriver au boulot dans les temps!
- C’est être loin de chez soit toute la journée, sans manger avec sa famille à midi, et bosser le plus vite possible pour ne pas rester jusqu’à des heures impossibles.
- C’est finir à 17h30 dans le meilleur des cas, mais ne pas rentrer avant 20h à cause de la circulation.
- C’est faire le choix de l’argent! Et oui!!!!! Car si l’on supporte tout cela, c’est parce qu’en contre-partie, il y a un salaire au bout, qui paie la maison, les fringues, les sorties et restos, les vacances, la belle voiture neuve, les études des gamins…!
Alors oui, tu en chies, oui c’est dur, et oui, à un moment tu dois faire des choix entre une vie familiale épanouie ou les crédits à rembourser, entre faire des enfants ou booster ta carrière… comme tout le monde!
Car j’ai envie de dire à cette dame: Mais tu sais quoi pauvre fille? Certains font la même chose en France, certains travaillent jusqu’à 20h le soir et rentrent ensuite, certains, truc de fou, bossent même les samedis, certains font plus de 40/semaine et tout ça pour gagner un smic amélioré… et certains sont même… des femmes!!!! Oups, ça sent le vécu ça!
Alors au lieu de te plaindre que ton bonhomme ne fout rien à la maison, et que c’est toi qui t’occupe de tout étant donné que tu rentres plus tôt que lui, assumes plutôt ta vie, change de mec peut être, parce que là, tu l’as fait passer devant tout le monde pour un couillon de première, et il va apprécier moyen, je pense… Vends tes gosses, ta maison, ta belle voiture. Prends un amant ( qui ne bosse pas au Luxembourg sinon ça va être la même merde…), fais de la sophro! Et je n’entrerai pas dans un débat féministe concernant le partage des tâches… mais laisserais-tu seulement la possibilité à ton homme de mettre la main à la pâte, d’entrer dans la danse? Aujourd’hui, en tant que femme, nous voulons tout… Assumer une famille et toutes les tâches inhérentes par besoin inconscient de suivre les dictas d’une société patriarcale ou d’un point de vue plus féministe montrer que l’on est une femme forte, avec un besoin pathologique de prendre la main sur le foyer, tout en se plaignant de ne pas avoir du temps pour soi, de ne pas avoir la vie dont on rêve, de s’épuiser psychologiquement à justement gérer tout à cause de ces bonhommes qui ne font, soit disant, jamais rien…

Mais maintenant ma dernière petite question s’adresse au « journaliste » ayant rédigé cet article… Si le cas avait été inverse, avec madame au Luxembourg et monsieur en France à s’occuper des tâches du quotidien, ne l’auriez-vous pas fait passer pour un héro au lieu d’une bonniche asservie à sa vie de famille? Mais surtout, auriez-vous pensé/osé lui demander pourquoi il continue à travailler???
Sur ce, je vais continuer à faciliter la vie de mon Monsieur Grizzly (même si lui vous dira qu’en fin de compte je lui cause encore plus de soucis que Miss Grumpy… et il n’aura pas forcement tort, le bougre), puisque j’ai plus de temps pour le faire, que j’ai envie de le faire, et que ça me fait kiffer de lui sortir « laisse, tu ne comprends rien, c’est moi qui gère, alors ne t’en mêle pas! ». Et Biiiim! Mais ça, cela vaudrait presque un article complet sur une vie de femme de Mr Grizzly!