Oh Putain, 2 ans!!!!

Ouais, tu lis bien!!!! 2 ans…

2 ans que j’avais lâché le blog, mon blog, mon deuxième bébé…

2 ans que je n’arrivais plus à écrire une seule ligne…

2 ans à être en jachère intellectuelle et créative…

2 ans à être une « simple » maman/femme au foyer sans relief…

2 ans que la flamme s’est éteinte…

Mes derniers articles avaient été écrits dans la douleur, arrachés à ma tête pour montrer que tout fonctionnait encore à peu près, à l’intérieur…

Et pourtant…

Oui, et pourtant, plus rien ne fonctionnait correctement, la machine s’était déjà bien enrayée, et l’est encore un peu, je l’avoue… La chute s’est passée quelques temps avant mon départ pour l’Angleterre, ce qui m’empêcha de me noyer complètement et peut-être irrémédiablement. Une petite bulle de fun avant la descente… Car à ce moment, plus rien, absolument rien n’arrivait à sortir de ma tête, et je peux t’assurer que c’est angoissant! Encore aujourd’hui, quand je regarde ce que j’ai « accompli » (et sans être narcissique ou me jeter des fleurs, ce n’est pas le genre de la maison, tu le sais bien, hum), j’arrive parfois à me demander comment j’ai pu faire pour écrire de telles choses (bonnes comme mauvaises, on est bien d’accord), comment j’ai pu trouver telle ou telle idée, comment j’ai pu prendre telle photo, comment j’ai pu avoir un tel recul sur moi. Alors, que m’est-il donc arrivé pour que tout ce passé m’apparaisse comme dissocié de mon actuelle réalité…? (je suis en train de te perdre, je le sens bien). En gros, c’est quoi cette merde de ne rien avoir branlé pendant 2 ans alors qu’avant c’était la fête du string en papier crépon? (c’est bien, tu es revenu!)

Le mot est simple, fait peur, et n’a parfois pas d’explication claire, comme dans mon cas. Ce mot, tu le caches, tu en as honte, tu culpabilises de le côtoyer, tu te sens jugé (et tu l’es!) quand tu le prononces, tu te sens faible, tu te sens prisonnière de quelque chose que tu ne contrôles pas et qui t’empêche de réfléchir ou de prendre du recul. Et tu t’enfonces, peu à peu, plus profondément… jusqu’à ne plus rien distinguer de la réalité…

Ce mot c’est « DÉPRESSION »

Il est moche ce mot. Je ne l’aime pas, et pourtant cela fait plusieurs années qu’il me grignote, petit à petit, sournoisement… Et il y a 2 ans, à bout de force d’avoir lutté contre lui, je l’ai laissé m’avaler, m’engloutir complètement. Il a pris le contrôle sur tout, sur la petite noix qu’est mon cerveau, sur mes nerfs (certains en ont fait les frais!), sur mon corps (coucou les kilos), sur ma créativité (j’ai rangé mon appareil photo, et j’ai coupé avec mon blog), sur mes envies (de plus rien en fait), sur mes humeurs (je n’en avais plus qu’une, la mauvaise), en résumé, sur ma Vie. Il a gagné par K-O complet! Tout est devenu gris, opaque autour de moi, rien et tout était important… C’est assez compliqué à expliquer comme ça…

Chacun la vit différemment, mais pour mon cas, cette image reflète assez bien ce que je pouvais ressentir, et cela permet peut-être aussi de faciliter la compréhension du schmilblick. Comme je ne distinguais plus rien, j’ai fini par m’auto-centrer sur mes petits soucis, qui sont devenus gros, sur les choses qui tournaient dans ma tête et qui ont pris toute la place et le contrôle… j’ai commencé à m’en vouloir à moi-même d’être dans cet état, aux autres de ne pas m’aider, de ne pas voir que j’allais mal, ou de faire comme si tout allait bien… Les idées noires, très noires se sont installées…

Il n’y avait plus de hiérarchie dans quoique ce soit autour de moi. Tout était grave, et plus rien ne pouvait être pire, donc, tout me mettait dans un état de stress exagéré. Je ne distinguais plus l’important de l’insignifiant, le grave du futile, et même parfois le vrai du faux. Une séance de poney annulée? Horrible conspiration contre Miss Grumpy qu’on ne souhaite pas voir au club car elle gêne!? Trop de linge? A nouveau, méga horrible conspiration de toute la famille contre moi afin de m’étouffer sous une montagne de chaussettes et de slips sales pour ne plus m’entendre brailler à longueur de journée. Tu la vois la théorie du complot? Tu commences à saisir le binz maintenant? Ouais, c’est chaud…!

Mais alors, qui veut la peau de Tea, Dog et Rock’n’Roll?

Bin, moi-même en fait. L’autodestruction est apparemment mon kiffe… L’expliquer? Je ne peux pas, alors parler est parfois la meilleure des choses. Mais attention, il faut être armé dans ce cas… En premier lieu, j’ai cherché à en parler à des amis, ce qui peut paraître normal. Dans ce cas, prépares-toi à recevoir le fameux: « pourtant, je ne vois pas de quoi tu te plains ». Sauf que tu ne te plains pas, tu souffres, et tu ne sais pas pourquoi et tu ne sais pas l’exprimer! On m’a tout dit par rapport à mon « trouble » alors que j’essayais juste de comprendre son origine: qu’il fallait que je pense d’abord à ma famille, que j’avais de la chance d’avoir un mari si patient (Mr Grizzly pourrait être rebaptisé Bouddha… heu, pour la sagesse hein, pas pour le poids, non mais ho!), que mes problèmes de pauvre femme au foyer faisaient bien rire (au moins, je faisais encore rire quelqu’un), que j’avais tout pour être heureuse (à part une Aston Martin…, ça, j’ai pas! Va falloir que j’en parle à Mr Grizzly/Bouddha), que j’étais égoïste, que je n’étais pas malade donc aucune raison de me plaindre, qu’il y avait bien pire que moi, que mes histoires n’intéressaient personne… et j’en passe…

Quand ton état est déjà limite, et que tu te prends tout ça dans ta petite face de belette apeurée (j’aime bien l’image, c’est tout), tu fais moins la maline, ton estime de soi (déjà au plus bas) en prend encore un coups derrière les oreilles (de belette apeurée, donc) et tu t’enfonces encore plus, tu culpabilises, tu es en colère de faire chier les autres!

Résultat: tu t’isoles (et on t’isole aussi puisque tu ennuis tout le monde), tu t’éloignes, tu prends tes distances avec ceux qui ne veulent pas comprendre, ne veulent pas prendre le temps de te comprendre, ou te jugent. Tu te retrouves à en vouloir à tout le monde et étrangement à t’en foutre royalement!

Adieu donc créativité, compétences, envies, combativité, et Bonjour psy, substituts artificiels et encore plus de thé que d’habitude (ne demande pas pourquoi, c’est comme ça). Et après tout, j’ai envie de te dire, on n’est jamais mieux servi que par soi-même apparemment! Je ne dis pas qu’il faut s’isoler de tous, car chacun le vit différemment. Pour ma part, j’avais besoin d’échapper au regard des autres. Je ne dis pas non plus qu’aujourd’hui je suis « guérie » car je ne pense pas qu’on en guérisse, et encore moins que je suis au top de ma forme, mais je lutte, je reprends pied doucement, je prends du temps pour moi, j’essaie à nouveau de hiérarchiser les choses (bon, il y a encore des choses récurrentes qui continueront à me faire péter des piles, exploser, râler et hurler à tout bout de champs, sinon, ce n’est plus moi!), de rationaliser, et de ne plus me laisser submerger.

Cela fait maintenant 2 ans que je m’agite pour revenir te faire un peu glousser ici, et je ne lâche pas l’affaire, la preuve!

5 commentaires

  1. Quel article… Tu décris bien ce que tu as traversé et on peut imaginer ce que tu as pu ressentir. C’est fort tout ça. Et méga touchant, intéressant… Je n’aurais jamais imaginé… Tu caches bien ton jeu… ;). But as you said, you’re back et quand Fred is back, elle casse la baraque! Je t’embrasse. See you soon!

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  2. Bravo, bravo, bravo… Car pas facile de mettre des mots sur « La Dépression »…
    Mal qui te ronge et que personne ne voit… Mais qui te ronge quand même.
    Bon courage à toi pour continuer à l’affronter et à ne plus te ronger.

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