Uh dada et cas de conscience…

Saperlipopette! Il faut que je te parle d’un truc… Quelque chose qui me tiraille, qui me saoule, qui me fait me dire que manger trop de légumes commence réellement à nuire à ma réflexion, et qu’à force d’avaler des potages de potiron, de boire des smoothies et de grignoter des noix de cajou, les deux neurones qu’il me restait ne se touchent plus (et je ne te parle même pas du regard plein de détresse et de désespoir de Monsieur Grizzly…)!

Je crois bien qu’il va falloir que je te sollicite! Non pas pour me faire la morale, mais pour m’éclairer tout simplement, et me donner ton avis car impossible de me faire une idée par moi-même, impossible de trancher. En fait si, j’ai un peu mon idée, mais j’ai l’impression de devenir un peu extrême dans ma façon de réfléchir… d’où, ta sollicitation (et profites-en car d’habitude, j’ai toujours raison, point!).

Mais je m’explique…

Depuis quelques temps, tu sais que l’enfant, Miss Grumpy, pratique l’équitation, ou en tout cas essaie de rester sur la selle… Youpi! On se pèle le cul, on dégueulasse ses belles godasses, ainsi que le bas de son pantalon, on ruine l’intérieur de la Mercedes ( je ne te reparle pas du raclage du bas de caisse à chaque trou pour arriver au centre équestre et déjà expliqué dans ce post), et ça sent le poney pendant tout le trajet de retour… Mais j’avoue que c’est touchant de la voir monter si fièrement et c’est simplement apaisant ce contact avec les animaux, la nature et bien agréable à regarder! Bon… bien-sûr, cela le serait d’avantage si, en parallèle, il pouvait y avoir en prime de beaux spécimens masculins déambulant dans le manège (hormis les profs)… Mais je comprends tout à fait le parti-pris du club équestre: sans doute qu’il ne faut pas distraire les mères dévouées que nous sommes par ce type d’attraction, sous peine de ne pas remarquer les progrès phénoménaux de nos mini Yakari, ou encore de rater la énième chute de Razmoket (et de faire ton fameux regard maternel, mélange d’inquiétude et de compassion, alors qu’au fond, tu pries juste pour qu’il n’y ai pas déjà un trou dans ce pantalon tout neuf… en plus il va falloir épousseter tout l’ensemble, gamin compris, avant de monter dans la voiture, sinon adieu ton bel intérieur), ou enfin de ne pas entendre la Cracknaine  se plaindre pour la douzième fois qu’elle a mal aux cuisses alors que toi aussi tu aimerais avoir le temps (et l’argent que tu n’as plus grâce à elle) d’avoir mal aux cuisses si c’est pour être galbée comme elle (oui ma fille a des cuisses en bétons et plus d’abdos que moi…)! Et tout irait à peu près bien si il n’y avait pas eu ça: la semaine dernière, Miss Grumpy a participé à son premier stage de CSO (concours de saut d’obstacles). Tu visualises? Ce sont ces dadas qui sautent des obstacles avec des cavaliers endimanchés sur le dos!

Bon...ok, là ce n'est pas du jeu, c'est Guillaume Canet...
Bon…ok, là ce n’est pas du jeu, c’est Guillaume Canet…

Pourquoi? Et bien pour deux raisons:

  • La première raison, et je passerais vite la dessus, c’est que Miss Grumpy est la digne fille de sa mère. Elle a donc hérité de mon fameux esprit de compét’ de merde, c’est à dire que tu as beau te répéter que l’important est de participer, tu joues ta vie à chaque fois et tu veux être la première, sinon à quoi bon se déplacer… En plus, j’avoue déjà faire honte à toute la famille lors des compétitions de KungFu (oui… elle fait aussi ça, cf abdos en béton) en hurlant et en m’agitant dans les gradins… esprit de merde, je te dis!
  • La seconde raison est plus éthique, plus profonde… C’est la pratique en elle-même qui me fait m’interroger… Car même si c’est toujours aussi joli à regarder (en oubliant l’ulcère que je me suis fait à force de stresser à chaque barre passée), une petite voix à l’intérieur de moi me dit que quelque chose me gêne… une petite voix qui a envie de savoir si le cheval, en fin de compte, est bien heureux de faire tout ça; une petite voix qui me dit de serrer les dents à chaque coup de cravache (rares heureusement) ou de talon (même léger); une petite voix qui me convainc qu’après tout, un cheval est sûrement bien plus épanoui en courant sans tous ces accessoires de contentions… Une petite voix qui m’emmerde en fin de compte, car elle me fait trop réfléchir et m’empêche de regarder ma gosse se ramasser comme une fiente de pigeon…

Moi qui fuis les cirques comme la peste, je me demande si l’équitation et en particulier le CSO n’est pas également une sorte d’asservissement de l’animal par l’homme, même si leurs conditions de vie sont sans doute plus acceptables… Houlàààààà!  Mais qu’ouïe-je??? Cette petite voix ne serait-elle pas végane, bordel de merde…? J’ai beau être végétarienne, je ne jure que par mes converses en cuir, je mange des méga omelettes, et je conduis un bon gros diesel intérieur cuir, que diable (personne n’est parfait, je compense en mangeant des graines! plein de graines! et des légumes, plein-plein aussi), je suis donc encore loin de passer du côté obscur de la force…

The Vegan Monster… Brrrrrrr

Je pourrais aller en parler simplement au prof de CSO… Certes… Mais il fait deux fois ma taille et m’impressionne donc relativement, mais surtout j’entends déjà sa réponse « Ah merde, encore une casse-couille bouffeuse de salade qui n’y comprend rien au monde équestre… » et il n’aurait pas tort car je ne suis pas du tout de ce monde, donc j’essaie de me documenter plutôt que de l’affronter. Je ne suis pas suicidaire et pas assez armée intellectuellement pour faire face à des termes obscurs, mon vocabulaire équestre se limitant à « Uh Dada » et « tu veux une carotte? ».

Je me suis donc un peu renseignée auprès d’amies pratiquantes (qui me font nettement moins peur, et qui sont nettement plus petites) qui aiment aussi les animaux et qui ne font plus que de la balade, j’ai regardé des vidéos sur internet de cavaliers appliquant des méthodes issues de l’éthologie (étude des mœurs et comportement de l’animal), qui sautent sans contentions, à l’image de Jean-Marc Imbert ou de la jeune free rideuse Alycia Burton (les voir monter sur leur cheval simplement en s’agrippant à sa crinière me laisse rêveuse… moi qui devrais sans doute avoir besoin de l’aide de 3 personnes, une grue, et une poulie…minimum…) Mais même là, je me dis que tout cela est plus un business qu’un mode de vie, le site d’Alycia Burton étant une véritable boutique ambulante avec vente de DVD, vêtements, spectacles et autres stages payants…

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J’ai un peu lu aussi (si!)… pour essayer de comprendre, de savoir ce qu’il peut y avoir dans la tête de l’équidé. J’ai traîné sur des forums… Je me suis même souvenue des spectacles qui se rapprochent plus de mes aspirations: Face Cachée de la compagnie Equinote qui dirige ses chevaux aux gestes et à la voix, et le spectacle Calacas de Bartabas par le théâtre Zingaro. Dans ces 2 spectacles, je n’ai pas ressenti de gêne, ou d’interrogation par rapport à la façon dont les chevaux sont traités.

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Calacas de compagnie Zingaro

 Ses caravanes, sa musique, ses chevaux lui donnent l’apparence d’un cirque mais ici le spectacle est un rituel, la musique une vocation et l’amour des chevaux une religion. C’est l’œuvre d’une tribu d’artistes jusqu’au bout des ongles et des sabots. Tous ces êtres merveilleux font du mythe Zingaro une réalité insolente.

Bartabas

J’ai donc un peu bossé le truc, comme tu vois. Et même là, je ne sais pas te dire si l’animal est heureux dans tout ça, si il est hypocrite de dire que l’on aime les chevaux quand on pratique l’équitation en général. Même si la réflexion de Monsieur Bartabas me donne quelques pistes… mais le contexte est bien différent.

Malgré toutes ces recherches, je ne sais pas dire si la pratique CSO me va ou pas, car les disciplines et les pratiques sont tellement multiples… et le Vegan Monster continue toujours de me murmurer des choses à l’oreilles. Alors qu’au club, je vois des chevaux en forme et enthousiastes apparemment, des attitudes respectueuses, un amour de la nature. Car je tiens à préciser que mon interrogation porte sur le fait de savoir si la discipline est en accord avec ma façon de penser et si l’image que j’en ai est réelle et en aucun cas comment elle est pratiquée au club, car si il y avait eu un soucis quelconque, tu penses bien que l’affaire aurait été réglée depuis longtemps.

L’avis de Miss Grumpy? « Je pense que ça les amuse parce qu’ils sont contents de se donner un défi en sautant, mais peut-être que parfois ils n’ont pas envie, que ça ne les amuse pas ». Mouais… ça ne m’aide pas là…

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Un pensionnaire heureux du centre équestre

Fatalement, si tu ne m’aides pas, je ne vois plus qu’une seule solution: qu’un beau cavalier m’emporte sur sa majestueuse monture pour enfin me faire comprendre la relation de l’homme et de l’animal, me montrer que le travail est fait en toute dignité et que c’est un échange sain et non une contrainte! Et si le dit cavalier pouvait ressembler à Robbie Williams, je serais d’autant plus attentive, il en va de soi!

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Non mais c’est purement professionnel hein! Que les choses soient claires! C’est juste pour comprendre plus vite!

Aller, à ton clavier!

6 commentaires

  1. Pour le coup, je vais peut-être manquer un peu d’objectivité & mon commentaire ne t’aidera probablement pas, mais j’ai toujours eu horreur de ce genre de « sport ». Je trouve cela stressant pour l’animal, cela va au delà de l’équitation basique je vais dire, ce sont des concours pour lesquels les chevaux doivent être durement entraînés… Alors je ne sais pas trop… C’est comme pour les cirques, on se sert des animaux pour divertir & faire du fric… C’est cette idée qui me dérange aussi… Cela dit, je n’ai pas d’enfant ! Alors je reverrai p-e ma position quand j’en aurais… Je t’avais dis que mon commentaire ne t’aiderait pas ! xD

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    1. Pour en avoir parlé avec des personnes pratiquantes ou dans le milieu, certains chevaux « aiment » la compétition, en gros, c’est comme chez les hommes… certains sont faits pour être sportifs et d’autres non… maintenant, je ne sais pas dans quelle mesure ces animaux sont heureux de faire du sport…et jusqqu’à quel niveau ils le restent…je pense qu’une pratique mesurée doit pouvoir contenter tout le monde… Pour les cirques, par contre, je suis catégorique, je n’y vais pas, et si ma fille veut y aller, elle y va sans moi, et a le droit à une explication sur ce qu’elle va voir… Il est hors de question pour moi de lui interdire quelque chose, par contre, elle est en âge de comprendre mes positions, et à elle maintenant de faire ses propres choix.Merci pour ton commentaire en tout cas, il aide au débat, même si tu penses le contraire!

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  2. Par amitié, par solidarité maternelle, voici mon ressenti et rien d’autre.
    Dans la famille, il y a la dingue de cheval qui a monté, sauté des obstacles jusqu’à 40 ans et qui ne s’est jamais séparé de son cheval. Quand il a été trop vieux pour la porter, elle lui a offert une pelouse bio et une belle retraite. Quand il est mort, elle n’a pas racheté de cheval et n’a plus monté. Dans la famille, il y a la baroudeuse écolo, végétarienne depuis quelques années qui a fait tous les sports dans sa jeunesse dont du saut d’obstacle. elle ne monte plus que lorsqu’elle ne peut pas faire autrement lors de ses voyages pour le boulot dans des contrées lointaine, en Mongolie… Il y a dans la famille, l’ado qui adore les chevaux et qui ne montent plus depuis deux ans suite à une chute mais qui ne veut pas renoncer au lien avec Le Cheval. Elle a commencé la semaine dernière des cours spécifique d’éthologie du cheval et d’hyppothérapie avec une dame qui a un manège mais dont le job est de travailler avec les handicapés, des enfants hyperactifs, des personnes atteintes de maladies neuro-dégénartives comme Alzheimer… Les chevaux sont d’une très grande sensibilité et apportent beaucoup à ses personnes et l’inverse est apparement vrai aussi au vu des comportements des uns et des autres. Personne n’a demandé l’avis du cheval, est-il heureux d’aider à des êtres humains à aller mieux ? C’est une question anthropomorphique. En tout cas, ce qui est sûr , c »est que tant qu’il y a échange, harmonie entre l’Homme et l’animal, respect, écoute, observation, communication (non violente bien sûr !), quand il y a une véritable histoire d’amour, d’amitié donc réciprocité, pourquoi en priver ceux qui les vivent ? Personnellement, je n’ai jamais éprouvé le besoin de monter à cheval. Par contre, j’ai toujours entendu parler des chevaux dans ma famille car mes parents ont grandi en Sicile sur une terre pauvre et aride qui appartenait à un « seigneur »… Oui, au 20 ème siècle, le système féodal moyen-âgeux existait encore en Sicile. Le plus beau souvenir qu’ils gardent de leurs jeunesse, c’est leur lien avec le cheval, la mule qui aidaient aux travaux des champs. Ils les montraient parfois à crue et pieds nus ou marcher des km à côté d’eux… Le bonheur, la liberté… Et le cheval, la mule, qu’en pensaient-ils ? Nul ne le sait mais peut-être que le fait qu’ils venaient se frotter aux enfants, rechercher les caresses en disaient plus que tous les discours.
    Bisous
    Cat

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    1. Merci merci merci pour ces mots! j’ai eu une grande conversation avec la responsable du club équestre, qui comprend mes interrogations et m’a rassurée sur beaucoup de points! Reste encore à connaître les arguments du moniteur CSO pour être sûre de moi!

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