La meilleure blague d’Opa…!

On les attendait depuis longtemps ces vacances loin de tout, dans notre petit bout du monde… Sauf moi, bien sûr, puisque je suis en vacances toute l’année, il paraît! (si,si, je le vois dans ton regard, tu le penses!)

Des vacances, rien que nous 4, avec l’océan face à nous. Mais c’était sans compter l’humour particulier des parents de Mr Grizzly, Opa et Oma… enfin… surtout celui d’ Opa en fait…

Opa, c’est le papy-copain, le papy qui raconte des blagues datant minimum de 1847; le papy qui est persuadé que sa petite fille sera chef du monde car c’est la plus intelligente, la plus sympa, la plus belle, la plus futée (la plus chiante???), et qui à chaque début d’année scolaire demande si elle a sauté une classe; le papy qui fait semblant de ne pas entendre quand tu parles car il a décidé que ce serait comme ça et pas autrement (ref saut de classe plus haut); un papy très exigeant avec sa petite-fille mais qui sait doser exercices scolaires et jeux; c’est aussi et surtout le papy qui a toujours le sourire, quoiqu’il arrive!!! Je crois d’ailleurs que je n’ai jamais vu quelqu’un sourire autant. Un Opa quoi!

Et dans la famille Grizzly, « pas de nouvelle=bonne nouvelle ». Alors, quand, en pleine après-midi de notre deuxième jour de vacances, j’ai vu ce numéro s’afficher sur mon téléphone, j’ai su. J’ai su qu’un sourire n’est pas éternel, j’ai su qu’il allait falloir expliquer à Miss Grumpy qu’il manquerait quelqu’un à l’appel en rentrant, j’ai su que ça allait être dur. J’ai su qu’il avait décidé de nous faire sa dernière blague, sans doute la meilleure!

Une demi-heure de sanglots, puis une petite fille qui nous engueule car on ne pleure pas assez à son goût (comme quoi, faire bonne figure perturbe plus qu’autre chose). Retour express dans notre Lorraine natale (merci le TGV), et les interrogations commencent… Faut-il exposer une petite fille de 7 ans et demi à tout ça? Est-ce qu’on la fait garder jusqu’à ce que l’on reparte vers notre bout du monde? J’ai repensé à mon papy… j’avais le même âge qu’elle, je n’ai aucun souvenir, mes parents m’ayant « préservée » de tout cela. Une erreur, selon ma mère. Alors, on l’implique, on lui demande de faire des choix, si elle souhaite nous accompagner ou non. Elle décide surtout d’accompagner son Opa partout, avec un aplomb et un courage que je ne lui soupçonnais pas… Elle lui parle, le surveille, accueille les gens, leur raconte des anecdotes. Il lui a appris à lire et à écrire; à 3 ans, grâce à lui, elle connaissait par cœur Frère Jacques en allemand; il lui parlait d’ailleurs souvent en allemand, et si elle ne lui répondait pas dans la même langue, il refusait d’aller jouer… Elle lui fait le plus beau des dessins, pour qu’il parte avec et qu’il sache à jamais combien elle l’aime. Elle a été présente à chaque minute, s’assurant que tout était en ordre pour qu’il se sente le mieux possible pour son départ, nous serrant la main, pleurant… enfin…

bout du monde

Par choix, seuls 2 de nos amis ont été présents, par pudeur aussi, par besoin de se retrouver entre nous. Ce billet en interpellera donc certains. Ce billet t’interpellera peut-être aussi, si tu ne nous connais pas, et tu le trouveras probablement impudique. Mais quoi de plus compliqué que d’aborder, avec un enfant, la disparition, l’absence, ce bout du monde. Nous avons choisi la transparence, la participation et le dialogue. Et je n’ai aucune idée si cela est une bonne ou mauvaise chose. Peut-être, d’ailleurs, as-tu fait des choix complètement différents, et je serais heureuse d’entendre ton expérience.

Tout à l’heure, Miss Grumpy jouait tranquillement dans sa salle de jeu… je la vois serrer précieusement quelque chose dans ses mains avec un sourire. Je lui demande ce que c’est, et elle me montre un petit galet avec un bonhomme qui sourit dessiné au feutre dessus. « Je l’avais trouvé avec Opa, il m’a dit que c’était une pièce préhistorique. Je sais bien que ce n’est pas vrai, mais pour lui faire plaisir, je continuerai à le croire »…

Elle a une façon tellement merveilleuse d’aborder tout cela, avec le même sourire que son Opa…

14 commentaires

  1. Magnifique article comme tjs tu me diras mais celui ci encore plus que les autres…. une marme versee à la fin. pas simple d expliquer cela a son enfant. Mais j aime leur approche de la mort . Toutes mes condoléances à toi et ta famille

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    1. Merci beaucoup Aude. J’ai hésité à l’écrire cet article… et ensuite je me suis dit que d’autres peuvent se poser des questions sur l’approche à avoir avec leur enfant. Je crois que la réponse est dans le dialogue avec eux, et non dans l’exclusion en vue de les protéger. Merci encore!

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  2. Je viens seulement de lire ton article …. ( je suis exilée dans mon bout de monde à moi et je suis légèrement déconnectée du réseau).
    Je suis très touchée par ce que tu as écrit et je vous présente nos sincères condoléances.
    La mort fait partie intégrante de la vie et bien que nous (adultes) avons tendance à mettre un tabou , les enfants en parlent avec simplicité . Laissons les s’exprimer sur le sujet librement , en répondant à leurs questions. Ne rien cacher , pleurer ensemble , permet de faire son deuil ensemble et plus facilement… bon courage , je vous embrasse .

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  3. Votre article très émouvant fait écho ici, puisque nous avons connu la même situation que vous l’été dernier. Ma fille avait alors 5 ans lorsque son Papy adoré est soudainement parti, et nous avons fait les mêmes choix que vous… Cela en a choqué certains d’ailleurs, mais nous l’avions envisagé et ce n’est pas ce qui nous a paru le plus important. Mais le dialogue, oui sans aucun doute.
    Aujourd’hui, un an après, ce lien si fort qu’elle avait avec lui n’a pas faibli pour elle. Elle parle de son grand-père, raconte ses souvenirs, pose des questions à son sujet, parfois le coeur lourd, parfois avec le sourire. Elle est étonnante et nous aimons l’écouter.
    Voilà, je vous souhaite à tous beaucoup de courage.
    Toutes mes condoléances à votre famille.

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    1. Merci, et je vois que notre choix est partagé par beaucoup. Je crois que c’est la meilleure façon pour eux « d’accepter » tout cela est de les impliquer et de leur expliquer. Je suis heureuse d’apprendre que le souvenir de son papy continue à vivre avec elle. C’est très important pour nous.

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  4. Je te souhaite tout d’abord toutes mes condoléances… C’est un moment difficile je m’en doute bien !
    J’admire le courage de miss grumpy ! Je n’ai pas d’enfants & donc n’ai pas d’expérience à ce niveau, mais je pense que si elle a souhaiter l’accompagner dans ses derniers instants, c’est qu’elle en éprouve le besoin…
    Quand j’avais 9 ans, j’ai perdu mon oncle (et parrain !), qui était aussi comme un père pour moi. Je n’ai pas assisté à son enterrement, et ma mère à veiller à bien me préserver de tout ca… Elle pensait bien faire, mais j’ai mis des années à faire mon deuil… Je n’ai pas eu la possibilité de lui dire aurevoir et ca a été difficile à gérer. Mes parents étaient pourtant très axés sur le dialogue, mais si j’avais pu assister à l’enterrement, je pense que j’aurais mieux gérer les choses… Voilà pour mon expérience perso.
    Ta puce est bien courageuse en tout cas ! De ton côté, n’aie pas peur de te laisser aller non plus… Faire bonne figure devant les gosses c’est bien, mais veille à ne pas refouler tes émotions 🙂
    Je t’envoi toutes mes pensées à toi & ta famille !
    Je vous souhaite beaucoup de courage et vous envois pleins de bisous de Belgique !!!! ❤
    A bientôt 🙂

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    1. Quand j’étais petite, la mort était tabou dans la famille, aujourd’hui encore. Ce qui fait que la peur de la croiser est énorme… Nous sommes fiers de ne pas avoir transmis cette angoisse à notre fille. C’est déjà ça! Merci pour tes mots!

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  5. Bravo vraiment pour cet article, et cette transparence face a cet événement tragique, je comprends mieux a présent vos vacances écourtées… Je viens de vivre la même chose il y a 2 semaines avec le décès prématuré de ma belle-mère, devoir l’expliquer aux enfants, en toute transparence comme vous, un petit cœur vieux , qui était fatigué et que a décidé de cesser de battre. On s’est comme vous posé la question de savoir si les enfants devaient ou pas la voir, et l’accompagner une dernière fois, ce qui a été leur souhait immédiat sans réfléchir une seconde. (ils ont 9 et 12 ans), quand au petit dernier de 2 ans, ben pareil, et après on dit que les enfants ne comprennent rien, à la fin de la cérémonie, il a été embrasser le cercueil en disant « au revoir mamie », ca prend aux tripes croyez-moi !!!
    Bon courage à vous, et j’espère bien vous revoir dans mon petit bout du monde un jour
    Bises
    Marie
    (Secrets d’enfants Audierne)

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    1. Merci beaucoup Marie, et je suis navrée d’apprendre que vous venez de passer par la même épreuve. Heureusement qu’aujourd’hui on prend en compte la sensibilité de nos enfants. C’est tellement plus simple à vivre pour tout le monde.
      A l’année prochaine sans doute (comme tous les ans depuis… houlà! longtemps!).
      Frederique

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  6. Très bel hommage à une belle âme, à n’en pas douter…
    Nos enfants nous aident à franchir des obstacles auxquels nos parents n’ont pas osé nous exposer, par tradition, culture, surprotection… Votre expérience fait écho à la nôtre et nos chers enfants (fils et nièce) ont choisi comme miss Grumpy de ne pas lâcher « leur navire » sans l’accompagner le plus loin possible. C’était naturel, c’était vital… Comme pour avoir moins mal mais on a mal quand même. La mort, c’est une partie de la vie, alors vivons.
    Je vous embrasse tous les trois.
    Continuons à vivre avec nos chers disparus en nous rappelant leur vie, anecdotes… Gardons les bien au chaud… J’ose espérer qu’ils renaîtront sous une autre forme.
    J’en ai mis du temps avant de laisser ce commentaire car ton témoignage m’a énormément touché. En te lisant, je revoyais ma nièce de 12 ans caresser la tempe de son père allongé pour son dernier voyage, je revoyais mon ado, faire un effort surhumain pour rester dans la pièce car il voulait être là… Je le sentais proche de l’explosion… Un an plus tard , c’est mon père qui nous échappe… Mon petit bonhomme de 10 ans l’a veillé tant qu’il pouvait avec sa cousine se racontant des souvenirs de leurs chers nono.
    Laissons donc les enfants libres d’agir, réagir face à la mort d’un être aimé comme ils en ont la capacité, l’instinct, l’intuition dans la présence ou l’absence… Sans jugement, sans notion de bien ou de mal.
    A très bientôt et merci encore pour tes beaux articles, tes très belles photos… Merci aussi à Miss Grumpy pour sa joie de vivre. Ca fait du bien !
    Bises

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    1. Merci beaucoup pour ces mots… Je crois qu’aujourd’hui, il est important d’enfin les considérer comme des êtres sensibles, et des éponges à émotions. Leur cacher la vérité, leur interdire de parler du deuil, de la mort ou des disparus n’a rien de bon et fait de sacrés dégâts… encore merci! bises

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